Le déni est un mécanisme de défense psychique très répandu chez les personnes diabétiques. Comment se prémunir des effets négatifs que cette réaction peut avoir sur la qualité de vie et sur l’équilibre de la maladie ?
Réponses de Bruno Orsatelli, psychologue clinicien et diabétique de type I.
Pourquoi les débuts avec le diabète sont-ils difficiles à appréhender pour beaucoup de patients ? L’arrivée du diabète plonge les personnes dans une situation très particulière puisqu’elles passent d’une existence dans laquelle elles avaient une certaine liberté à une autre où elles deviennent le remède de leur maladie. Lorsque les médecins rappellent qu’il faut changer ses comportements, ils omettent de dire que le maintien d’une relative bonne qualité de vie dépend alors d’un paradoxe : devoir tout changer en restant le même.
C’est là que le déni peut se mettre en place ? À la suite du diagnostic, s’ouvre un temps d’adaptation à traverser correspondant à une forme d’acceptation de l’annonce plus que de la maladie. Certains patients sont en proie à une sorte de confusion qui leur fait parfois regretter d’avoir effectué les premiers examens médicaux, ils pensent que s’ils n’avaient pas entamé de démarche médicale, rien n’aurait été découvert. Une forme de déni de la maladie peut s’installer, comme une sorte « d’annulation rétroactive ». D’autres jugent que ces analyses étaient un accident et que le diabète va disparaître.
Le déni est un mécanisme de défense psychique. Que cela signifie-t-il ? Le déni est une solution radicale, un mécanisme redoutable qui efface la réalité et qui en reconstruit une conforme au désir de la personne. Le patient perd la notion de la réalité extérieure qui l’entoure. En lui et entre le monde et lui, le dialogue devient incohérent. Les effets négatifs sur la qualité de vie ne se font pas attendre, et c’est le plus souvent la santé qui est impactée et l’équilibre du diabète.
Comment les professionnels doivent-ils réagir face à ce phénomène ? Le déni protège le patient d’une réalité trop anxiogène qu’il ne peut donc percevoir, de fait, une approche frontale où culpabilisante ne ferait qu’aggraver la situation. Les professionnels se doivent de comprendre cela et d’adopter une posture compréhensive en tentant de cerner les aspects de la réalité du diabète qui sont trop insoutenables pour leur patient. La bienveillance et parfois le temps favoriseront l’installation d’un sentiment de sécurité intérieure chez la personne diabétique qui pourra alors dire ce qui est si difficile pour elle.
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