Les visites chez le diététicien remboursées pour les jeunes en surpoids de 6 à 17 ans

Les visites chez le diététicien sont désormais remboursées pour les enfants souffrant d’obésité ou de surpoids. La ministre de la Santé publique, Maggie De Block (Open Vld), a pour cela dégagé 5 millions d’euros par an. Sur prescription de leur médecin généraliste ou de leur pédiatre, les jeunes âgés de 6 à 17 ans peuvent bénéficier de dix consultations chez un diététicien sur une période de deux ans.

La mesure est entrée en vigueur le 1er avril, mais n'a pas pu prendre effet avant le 4 mai. Les cabinets des diététiciens étaient en effet fermés à cause du coronavirus.

 

Gisèle Gual, diététicienne nutritionniste spécialisée en pédiatrie, regrette que le remboursement ne couvre que les jeunes âgés de 6 à 17 ans. "6 ans, c’est trop tard. Certains enfants ont déjà des problèmes de poids à 2 ou 3 ans."

Un avis que partage Mélissa Moretti, elle aussi diététicienne nutritionniste spécialisée en pédiatrie. "Je pense qu’il faudrait étendre la mesure à des enfants plus jeunes. L’important, c’est de faire de la prévention. C’est plus facile d’attaquer le problème quand il arrive que quand il est déjà bien installé.

"Presque tous les patients adultes que je vois qui sont maintenant en surpoids, l’étaient aussi quand ils étaient plus petits et donc ça n’a pas été pris en charge correctement", ajoute Gisèle Gual.

Pour Mme Moretti, il faudrait consulter un diététicien dès que l'on remarque que l’enfant s’éloigne de sa courbe de poids. "Quand on voit qu’il y a une cassure dans cette courbe, c’est à ce moment-là qu’il faut venir parce que même s’il n’y a pas encore une obésité installée ou un surpoids, c’est là qu’on voit que l’enfant est en train de prendre du poids. Donc si on ne change pas les habitudes, il va continuer à prendre du poids."

Mélissa Moretti insiste aussi sur l'importance d’aller voir un diététicien pédiatrique pour que les conseils soient adaptés à l'enfant. "Il ne faut surtout pas suivre un régime restrictif que l'on aurait vu sur internet par exemple. Il faut plutôt réadapter l’alimentation pour qu’elle soit équilibrée et qu’elle convienne à l’enfant. Il aura ainsi une croissance optimale et trouvera du plaisir dans l’alimentation."

"Le nombre de séances remboursées n'est pas suffisant"

Les deux diététiciennes disent toutes les deux que le nombre de séances remboursées n’est pas suffisant. Mélissa Moretti rencontre ses patients toutes les deux à quatre semaines. Quant à Gisèle Gual, elle les voit globalement tous les deux mois. "Les jeunes aiment bien venir, ils ont besoin d’un coaching. Ils sont fiers de montrer des changements, des progrès. A partir du moment où on laisse passer trop de temps, le traitement devient compliqué.

En moyenne, il faut compter deux à trois ans de traitement. "Mais il y a un suivi derrière", note Mme Gual. "Et ces séances devraient aussi être mieux remboursées globalement dans les différentes mutuelles."

10 fois plus d'enfants en surpoids qu'il y a 40 ans

Il y a dix fois plus d’enfants et d’adolescents obèses dans le monde qu'il y a 40 ans, rapporte une étude publiée en 2017 dans la revue médicale britannique The Lancet. Selon l’Enquête de Santé 2018 de La Direction Scientifique Epidémiologie et santé publique, 19% des jeunes Belges de 2 à 17 ans sont en surpoids et 5,8% sont obèses.

Ce pourcentage n'est pas dramatique mais les diététiciennes mettent en garde contre les risques liés au surpoids. En effet, les enfants en surpoids risquent davantage de développer de graves problèmes médicaux plus tard dans leur vie, tels que des maladies cardiovasculaires, du diabète ou certains cancers.

La souffrance psychologique est aussi souvent très grande, relève Gisèle Gual, diététicienne nutritionniste spécialisée en pédiatrie. "Les enfants présentent parfois des troubles alimentaires. J'ai des petits patients qui me disent ne pas oser manger de chocolat."

Souvent, ce sont les parents qui remarquent le problème et emmènent leurs enfants voir la diététicienne. Mais il arrive quand même que la demande émane d'enfants âgés de 5 ou 6 ans. "Ils ne savent pas encore mettre des mots, ils ne vont pas dire 'je vais voir la diététicienne'. Mais ils vont dire 'j’ai un trop gros ventre, je ne me sens pas bien'."

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