Le traitement et le suivi de votre diabète requiert un soin constant (à vie !), de l’énergie au quotidien, donc de la motivation pour s’occuper de son mieux de cette maladie au jour le jour.
Le but de ces efforts est clair : le maintien de votre santé.
Mais il est clair aussi, que de temps en temps la motivation vacille ! Vous êtes épuisé de planifier, de contrô-ler, de re-tester et un « Y en a marre ! » s’installe.
Et pourtant, si vous demandez aux gens ce qu’ils se souhaitent mutuellement à Nouvel An, ils répondent « Une bonne santé ! » Le reste, ils l’ont déjà acheté à crédit pour Noël ! Mais la santé ne
s’achète pas ! Elle se préserve ! Mais sommes-nous toujours aussi soigneux avec nous-mêmes et notre santé que nous le pensons ?
On penserait de prime abord qu’un but aussi noble que veiller à sa propre santé devrait motiver suffisam-ment tous les gens pour l’atteindre. Mais qu’en est-il vraiment ?
Le Cowboy de la fameuse marque de cigarette n’était peut-être pas informé des risques du tabagisme et il mourut de son cancer des poumons. Mais de nos jours, qui peut prétendre ne pas connaître les
risques ? Et pourtant, les gens continuent de fumer !!! Et ils arrêtent, aussi étonnant que cela puisse paraître, au moment où les soucis de santé commencent.
Idem pour les personnes en surcharge pondérale ou en obésité. Est-ce qu’ils changent de style de vie à l’annonce de problème de tension artérielle ou de risque accru de diabète de type 2 ou de
maladies cardio-vasculaires ?
Encore un exemple ! Les gens stressés, changent-ils leur habitudes de vie en les simplifiant, en ne voulant pas toujours tout faire (et simultanément et vite s.v.p.) ?
Donc, il semble logique que les diabétiques aussi puissent laisser tomber les rennes parfois, et ne pas avoir la même rigueur tout le temps, même en sachant que cela peut augmenter le risque de
complications de la maladie.
Une question de savoir ?
Non, nous pensons que les patients, pour une grande majorité des cas, savent ce qu’ils risquent. Il leur man-que parfois l’expérience pour lier tous les phénomènes/facteurs influençant la
glycorégulation et s’expliquer toutes les variations de leur glycémie, mais les suites de cette maladie sont pour la plupart connues. Donc, il ne sert à rien de les choquer avec des images de pieds
en gangrène ou des menaces de cécité ou de dia-lyse.
La motivation doit venir de vous, de votre intérieur.
Des images négatives réussissent-elles à stimuler la motivation? Non, en général il vaut mieux se motiver avec des résultats positifs, p.ex. : après une phase de laisser-aller, le fait de reprendre
le dessus, de mieux s’occuper de soi-même et de sa maladie et de voir effectivement s’améliorer les résultats, aussi bien au quotidien, avec les contrôles de glycémie qu’avec les tests d’HbA1c
trimestriels, contribuera certainement à améliorer la motivation.
Comment trouver une motivation positive ?
Il faut définir des buts personnels aptes à pouvoir être atteints ! Des objectifs réalisables ! Le fait de choisir un but « idéal » trop difficile à atteindre va vous frustrer, car les
chances de pouvoir l’atteindre, même avec toute votre volonté, sont trop faibles. Si vous avez une surcharge pondérale de 35 kg, ne vous fixez pas comme but de les perdre tous en 2 mois, c’est
irréaliste. Prévoyez plutôt d’en perdre 2kg chaque mois ! Il ne vous viendrait pas non plus à l’esprit de vouloir courir un marathon ou d’escalader l’Everest d’un jour à l’autre.
De même, si votre HbA1c est de 10%, ne vous acharnez pas à vouloir le descendre à 7% en 2 mois, mais essayez de progresser de 0,5% à chaque contrôle trimestriel.
Il faudra donc essayer d’identifier votre problème personnel, éventuellement ensemble avec votre médecin traitant et prévoir un plan d’approche ! Le monde n’est pas idéal, vous ne l’êtes pas, votre
médecin et votre entourage ne le sont pas, mais VOUS POUVEZ FAIRE MIEUX qu’actuellement!
Et que vous ne puissiez pas réussir tous les jours, toute l’année, c’est normal, non ? Le tout, c’est de ne pas abandonner !!! Nous admirons tous les patineurs sur glace, qui après d’énormes
efforts d’entraînement quo-tidien sur des années se présentent à des concours. Et, malgré leur perfection apparente, certains font des chutes ! Nous admirons tous leur courage de se relever après
des chutes sûrement très douloureuses, d’afficher un sourire (un peu pincé parfois, je vous l’accorde) ET DE CONTINUER !
Qu’est ce qui peut freiner votre moral/motivation ?
La peur, la frustration, alors qu’on a tout fait comme il faut, et de ne pas atteindre les objectifs malgré cela, peuvent entraver la poursuite des efforts. Dans ces cas-là, il faudra essayer
de s’observer soi-même et dé-terminer ce qui est la cause possible de ce manque de résultats. En voici quelques exemples :
- Est-ce que je suis content avec mon schéma de traitement ? (p.ex. : est-ce que j’oublie de prendre mon traitement de midi, car cela me gène devant mes collègues de travail et, inconsciemment,
« j’oublie » ?)
- Est-ce que j’ai du mal à accepter le diabète ?
- Est-ce que ma vie privé/professionnelle rend l’adhérence au traitement aléatoire ?
- Ai-je des problèmes d’ordre psychologique/psychiatrique qui m’empêchent de suivre mon traitement comme il faut (angoisses, dépression,…)
- Est-ce que je réserve suffisamment de temps pour mon diabète et son traitement ?
- Est-ce que j’ai des déficits en connaissances sur ma maladie ?
- Est ce que mon entourage m’encourage à ne pas suivre mon traitement ? (la mère qui répète lors des repas communs : « Allez, mange encore une portion, comment veux-tu avoir des forces pour
combattre cette maladie … »)
Est ce que mes espérances sont trop ambitieuses ?
Il est sûr que, si les objectifs fixés ne sont pas atteints, des déceptions sont programmées. Parfois « le mieux » est l’ennemi du « bien » On n’arrive pas toujours à trouver une explication
pour une glycémie qui sort de la routine !! Il faut savoir accepter qu’il n’y ait pas une explication démontrable à tout. Seulement, si la routine devient désordre, si les valeurs extrêmes
deviennent la règle, il convient de chercher secours auprès de son médecin traitant. Parfois, à force de vouloir bien faire, on produit nous-mêmes des « montagnes rus-ses » : une hypo par souci de
TROP bien faire, suivie d’une hyperglycémie réactionnelle, surenchère avec une nouvelle dose de « compensation » et nouvelle hypoglycémie encore plus sévère du fait que les hormo-nes de
contre-régulation ont toutes étés « utilisées » lors de l’hypo précédente !!
Si vous avez reconnu, en fin de cet article que votre déséquilibre actuel est lié à un défaut de motivation pour prendre en charge votre diabète, alors il faudra évaluer les solutions possibles.
C’est assez rarement le schéma thérapeutique qui est en cause, mais plutôt son application par l’intéressé principal, c'est-à-dire : VOUS !
Peut-être un peu de recul, des vacances, une discussion avec d’autres patients qui sont passés par là pour-ront vous aider ……….!
Dr Marc Keipes sur base d’un article du Diabetes-Journal